Au Maroc, le mariage rime avec tradition

Durant la saison estivale, les magazines marocains se parent de leurs plus beaux dossiers sur les mariages marocains, alliant tradition et modernité. Ils y partagent à la fois des conseils pratiques, mais aussi des bonnes adresses pour préparer la mise en beauté de la mariée (caftan, accessoires, maquillage…).

Rachida Alaoui, historienne de la mode et spécialiste dans l’histoire du costume arabe et musulman a consacré un article aux “Mariages et traditions” dans le hors série Caftan 2013/2014 du magazine L’Officiel Maroc. Elle est l’auteur de “Costumes et parures du Maroc — Editions ACF”, un excellent ouvrage retraçant l’histoire d’une si riche tradition.

Dans cet article publié dans l’édition spéciale automne hiver 2013/2014, l’historienne met la lumière sur les différentes traditions du mariage spécifiques à chaque région : le nord du Maroc (Rif), l’est (Oujda) et le sud (Souss et Sahara). Chacune de ses régions ayant eu des influences plus ou moins marquées par les cultures des pays voisins, notamment Oujda et sa proximité de l’Algérie ou le Rif et de son héritage Arabo-Andalou. Je vous partage dans ce billet, un extrait de son étude sur le mariage et les traditions de chaque région au Maroc. 

 
      Magazine l’Integral Caftan – édition Automne Hiver 2013 2014 – Dossier spécial Mariage et traditions

La Chamalia :

La Chedda Chamalia diffère d’une ville à l’autre. Tanger, Tetouan, Chefchaouen, chaque ville a ses propres codes. Dans la tradition du Nord, la mariée déjà revêtu cette tenue à l’âge de sept ans pour marquer son passage de statut de petite fille à celui de femme. Ladite tenue se compose de deux caftans superposés ceinturés par une mdama, agrémentés d’une coiffe conique faite de foulards et de bijoux, d’un frontal, de boucles d’oreilles ainsi que d’une cascade de rangs de perles de nacre et d’or couvrant toute la poitrine jusqu’à la taille. La cérémonie, qui réunit famille, petites filles, amies et proches, est célébrée à l’occasion du 26e jour du mois de Ramadan. 

Choumicha en mariée de Tetouan

L’Oujdia :

Au premier jour des noces, pour la cérémonie du henné, la mariée commence par revêtir la blouse perlée d’Oujda, longue robe resserrée à la taille ornée de perles sur la poitrine. Puis, quand vient la bénédiction nuptiale, elle arbore successivement plusieurs tenues selon les traditions de la famille. Une peut être algérienne, soit la mouadawar d’Oran avec son caraco et son Sarouel bouffant. Autrement, elle peut aussi porter un caftan en velours brodé au fil d’or à manches courtes. Ce caftan diffère de ceux des autres régions du Maroc par son inspiration ottomane.

Tenue de la mariée d'oujda

La Soussia :

Variable d’une région à l’autre, et d’une tribu à l’autre, l’originalité de la tenue de la mariée berbère réside dans l’aspect spécifique de la coiffure et l’opulence des bijoux qui ornent le corps tout entier. Faits d’argent cloisonné d’émail, d’ambre, de perles ou de coquillages, ils sont souvent aussi volumineux que spectaculaires. Drapées dans une longue pièce d’étoffe blanche, la jeune mariée accumule bandeaux de tête, boucles d’oreilles, colliers imposants habilement étagés sur la poitrine et larges fibules d’argent. Au-delà de l’aspect purement esthétique de cette parure se cache surtout la volonté de se protéger du mauvais œil.

tenue mariée sousse

La Sahraouia :

D’une beauté austère, la tenue de mariage de la Sahraouia se rapproche de celle portée par les Mauritaniennes. Bien plus que la Mlehfa, drapé de 4 à 5 mètres de long, se sont surtout les parures qui mettent en valeur la mariée: diadème fait d’ambre et de coquillage, grands colliers de perles longs comme des chapelets, bracelets en argent, bois et corne ouvragés, fibules en métal reliées par plusieurs chaînes, bagues aux décors primitifs d’influences africaine, sans oublier les Khlakhel, ces anneaux de cheville en métal guilloché que les femmes sahraouies affectionnent particulièrement. A noter : ces bijoux constituent la richesse patrimoniale de la famille et témoignent de la mémoire vivante d’un peuple initialement nomade.

Source

Laisser un commentaire